Petit cas de conscience, j'aurais besoin de vos avis et expériences...
J'ai dans ma clientèle une jument SF de 10 ans, 'sauvée de la boucherie' il y a deux ans ; son emploi du temps : vie au pré et balades au pas.
La jument se révèle boiteuse avant son achat (la vendeuse a dit à la cliente que c'était sûrement un abcès, rien de grave), et est toujours boiteuse par intermittences depuis son achat
La véto l'a vue (véto formée au CIRALE), pas de radios mais jument très réactive au test de la planche, boiteries des deux antérieurs mise en évidence par anesthésies locales.
J'ai ferré la jument avec fers Napoléon, puis je suis revenue 3 jours plus tard parce que ça me travaillait, je l'ai referrée avec des egg bar ouverts en pince (pince raccourcie à bloc). Ca n'a pas changé grand chose, la jument était toujours boiteuse par intermittence.
Par ailleurs, les talons se sont considérablement écrasés au bout de deux ferrures egg bar.
La fois suivante, on l'a laissée pieds nus, je l'ai bien sûr parée en lui raccourcissant la pince au maximum.
Pour les talons, qui ont une forte propension à être fuyants, je râpe un peu de façon à ce qu'ils aient une position correcte.
J'ai demandé à la véto ce qu'elle pensait de l'idée de ferrer la jument avec les alus compensés, car j'étais dépitée que mes egg bars ouverts en pince n'aient pas eu l'effet escompté...
Elle m'a dit 'si ça n'a pas marché avec ta ferrure, je doute que les fers compensés changent quoi que ce soit'
Pareil, lors de mon dernier stage UFM, j'ai demandé conseil, mais pas de solution miraculeuse, 'une jument comme ça, qui vit au pré, c'est peut-être pieds nus qu'elle sera le mieux effectivement'
Par ailleurs, ce que j'ai appris, c'est que réhausser les talons soulage le TFPD, mais que les talons s'en trouvent surchargés.
Que dans la durée, l'utilisation de fers compensés ou de talonettes peut mener au raccourcissement du TFPD, chose irréversible par la suite, le cheval ne pourrait être refferré en ferrure classique sans inconfort...
En gros, l'utilisation de fers compensés serait un cache-misère dans le sens où elle pourrait procurer un certain confort dans un premier temps, mais que ce serait le départ d'un cercle vicieux car la maladie est dégénérative...
Ayant suivi des petites journées de formation chez le Pr Denoix, c'est là-bas que j'ai appris aussi que jouer sur la hauteur des talons, ou d'une branche par rapport à l'autre ne se faisait plus, on privilégie actuellement les surfaces d'appui en couvrant plus ou moins un fer selon la pathologie...
Hors je me suis cassé une patte.
J'ai demandé à mon ancien maître de stage de bien vouloir me remplacer sous cette jument, et il a accepté de me dépanner.
Il a dit à ma cliente qu'il fallait que je ferre sa jument avec des fers compensés, que c'était ce que lui faisait sur un cheval de sa clientèle réputé naviculaire, et que depuis (2 ans) le cheval était tellement bien que sa cavalière avait repris les compétitions de CSO...
Ma cliente veut donc des fers à talons compensés.
Moi je suis partante pour essayer ça, mais j'aurais adoré qu'il m'en parle avant de dire ça à ma cliente, j'ai un peu l'impression de passer pour une cruche... Mais au-delà de ça, ce qui me chagrine et qui est plus important que mon ego, c'est que ça ne va pas dans le sens de ce que j'ai appris...
Je suis jeune dans le métier, je suis loin de tout savoir et d'ailleurs je ne saurai jamais tout, et c'est pour cela que je viens vous demander votre avis...
Ferrer cette jument avec des fers à talons compensés relèverait pour moi d'une approche empirique, si ça marche tant mieux, mais j'ai une petite préférence pour les démonstrations scientifiques...
Avez-vous un avis sur la question, ou des expériences à me faire partager pour m'éclairer un peu ?