Bon, me voilà de retour...quelques jours où j'ai eu besoin de décrocher un peu...je me suis rendue compte tout à coup que depuis le 29 juin, date à laquelle ma mère a été embarquée d'urgence en hélico à l'hôpital...je n'avais pas dormi une seule nuit plus de 4h...et encore, 4h c'était déjà bien.
Ce n'était plus let : 1+1=1...c'était let: 1-1= 0 voir parfois et bien souvent....let: 1-2=-1...
Mes allers-retours au fin fond de la Suisse en train à chaque alerte...parfois lorsque je me réveillais en plein milieu de la nuit, je ne savais plus où j'étais : chez moi ou à l'hôtel ?? En France ou en Suisse ??
J'ai finalement passé tout l'été comme ça, d'ailleurs sur mon site, j'en suis encore à la version printemps...c'est pas peu dire...
Je vivais 24h/24 avec mon portable allumé, à portée de main. Chaque sonnerie occasionnait alors un sursaut, de jour comme de nuit.
Rentrer de ces voyages en urgence, embrayer sur mon boulot à genève, tenter de rattraper mon retard aux écuries, infernal. Et toujours 2h de sommeil, 3...4h.
Et puis le 28 août où tout s'arrête. D'un coup d'un seul. A la fois tellement soulagée pour ma maman enfin libre, après 3 ans de lutte acharnée, à la fois envahie d'un chagrin...sournoisement naissant, que je sentais...indomptable car depuis longtemps retenu. Et qu'il fallait retenir encore, pour mon père.
A peine sorties du train ma soeur et moi, nous voyons mon père sur le quai. Nous avions compris. S'il est là, elle, n'est plus. Après 6h de voyage, 513km...nous sommes arrivées, 1h30 trop tard. C'est ainsi.
Tenir, pour lui. Toujours tenir.
Nous partons les trois à l'hôpital. Je les laisse les deux à ce corps, que je regarde de loin et que je ne peux toucher. Je vois ce petit bout de visage si dur...si décidé, son visage des mauvais jours, souffrances, son visage de révolte. Je recule instinctivement, je ne veux pas de cette image.
Je m'excuse auprès de mon père et de ma soeur qui eux sont en larmes et je fuis, courant à l'extérieur de l'hôpital, j'ai besoin d'air, de voir le soleil.
Réflexe : Téléphoner à deux personnes qui restaient dans l'attente des nouvelles et là, je comprends que contre toute attente...de 1-1 voir -2, je serai enfin...2.
Et là, assise toute seule sur un banc devant l'entrée de ce foutu hôpital, enfin les premières larmes.
Je pensais...que si longtemps je les avais retenue qu'elles ne s'arrêteraient plus jamais, mais par miracle ce ne fut que la première salve.
Les jours et les nuits suivants, étranges liens d'amour entre mon père, ma soeur et moi, à nous retrouver tous trois au salon de son appartement à 3h du matin, ne pouvant dormir, échangeant des souvenirs, pleurant chacun à tour de rôle ou durant les journées où j'ai forcé tous le monde à marcher dans la montagne, à choisir de belles petites pierres dans une rivière que j'emmènerai avec moi dans ma nouvelle vie, petits minéraux vivants de chez elle. A planter un petit rosier rose devant les fenêtres de mon père. Encore une vie, de sa couleur préférée. Le rose. Pas étonnant...moi je déteste le rose...nous étions...tellement différentes !!
Et la rentrée le 1er septembre, laissé mon père là-bas avec ma soeur qui partirait elle deux jours plus tard.
7h de route infernale où mes larmes parfois rejoignaient et la neige et la pluie...
Rentrer ici et alors que j'aspirai à la solitude totale, me retrouver avec six propriétaires papotant et gesticulant avec leurs chevaux.
Et Dee Dee qui m'a câlinée et empêchée de m'enfuir à nouveau loin de mes larmes...
Et mon boulot le lundi, et le mardi une semaine déjà.
Et toujours pas de nuit complète.
Enfin, quatre jours de congé. Mon ex m'apprend qu'il part en long week-end.
Seule, enfin !
Jeudi j'ai vu le lulu, bonne remise en selle...sans selle
Et j'ai rendu les armes et cela fait deux nuits que je dors 7h à la filée.
Et hier, j'ai remontée Dee Dee à cru.
Et demain, je la remonte.
Il fallait...que les mots reprennent leurs places, que les nuits se calent après le jour et....que mon moi et moi...se mettent d'accord pour accepter, comprendre, admettre et...faire confiance.
Désolée pour le roman, mais je pense que cela fait aussi partie de la démolition...du premier parpaing des minimum...trois enceintes que j'ai érigé autours de moi...au fil des ans.
On dit un pas après l'autre....Let elle, elle préfère dire pierre...après pierre
Ce matin, maniement du tracteur, de l'eau pour tous, du grain pour certains, cet après midi...rien foutu !!
A 17h je vais nourrir, puis hop, départ 1h de route, aller chercher le Cook, nourrir les chats des deux propriétaires parties en week-end, retour ici. Demain, je ramènerai le Cook, je ne dors pas là-bas, j'assure la maintenance aux écuries.
Parait qu'il faut que je m'occupe de moi...j'apprends...